AEN-Bonjour Céline Guiberteau, vous êtes fraichement débarquée sur Art en nord (14 avril 2012) dans notre section "Plasticiens professionnels" et je dois avouer que nous avons eu du mal à cerner votre travail de part sa diversité. Au final, on perçoit chez vous une envie d'aller chercher le regard, le tromper parfois et d'offrir un voyage au spectateur : pouvez-vous nous en dire plus sur vous et votre travail ?
CG- Je tiens, avant tout, à féliciter le travail des autres artistes participants et remercier tous les internautes qui ont aimé mon travail. J’aimerais revenir sur le mot « diversité ». Dans le vocabulaire des critiques d’Art, ce mot peut évoquer l’instabilité d’un artiste. Je ne partage pas ce regard. C’est une richesse, même un « plus ». Diversité n’est pas Facilité bien au contraire… Etre artiste plasticienne me permet d’exploiter toutes les cordes à mon arc, d’utiliser les matières à des fins différentes. Il n’existe pas qu’une manière de peindre. La peinture a besoin de liberté, elle a besoin de respirer et ne supporte pas les limites… Le spectateur est intéressé à côtoyer plusieurs atmosphères colorées et rythmées par cette fameuse « diversité » dans une exposition…
AEN-Vous dites venir du monde du dessin, quel parcours vous a emmener vers l'abstrait et le non-figuratif ?
CG-Comme beaucoup de peintres, j’ai commencé par une base classique qui m’a beaucoup apportée, surtout les cours suivis sur l’étude du Trompe l’œil. Doucement, j’ai poussé une porte que l’on nomme « abstraite », et derrière s’y trouvait un monde mystérieux qui m’a séduite à jamais. Depuis ce jour, je n’ai plus eu envie de représenter ce que mes yeux voient mais je souhaite interpréter ce que mon cœur pense. Cette forme d’art permet d’amener le regard sur un autre terrain, de le forcer à s’interroger…Quoi qu’il en soit, Art figuratif ou Art abstrait, ils sont tous les deux complémentaires et porteurs d’idées.
Votre univers onirique se frotte à la géométrie, aux symétries, à la perspective et parfois à l'humour. Quels sont vos thèmes favoris et où souhaitez-vous emmener votre public ?
Là encore, plus que des thèmes, je vous parlerai de mots favoris comme fluidité, transparence, profondeur…Ma création, c’est mon ressenti, la résultante de l’état dans lequel je me trouve à un moment donné de la journée, de ma vie. Les mots sont importants mais également les éléments comme l’Eau. Elle est insaisissable, esthétique, ludique et thérapeutique. J’invite souvent les visiteurs à me suivre dans cette balade aquatique. Et comme vous le soulignez, l’humour n’est jamais loin. C’est une question de nature ; il a le pouvoir de s’exprimer dans un monde qui ne se présente pas toujours sous les meilleurs auspices.
Sur une de vos dernières réalisations "Tourbillon" on est attiré dans un gouffre de bois + Peinture + Vernis + Enduit Plâtre + Dentelle + Sables + marc de Café... Est-ce un message ou est-ce une volonté de vider votre garage de tout ce que vous y entreposez ?!
Je réalise que vous vous êtes laissé prendre au jeu. Le tourbillon temporel vous a emporté ! Attention, vous n’en reviendrez pas !… Plus sérieusement, je n’avais pas besoin de faire le ménage (sourire)… J’aurais même plutôt la fâcheuse habitude d’entreposer. Il existe tellement de matériaux à notre portée. Il suffit de les transformer et il serait bien dommage de ne pas les exploiter artistiquement. Dans certaines compositions, la nature de certains ingrédients pourrait faire penser au commerce équitable !... Au-delà des techniques utilisées, nous réagissons tous avec la mémoire vive de notre parcours…Ce dernier est celui qui fera de vous ce que vous êtes…
Quand vous commencez une pièce, y'a t-il des dessins préparatoires ou l'idée jaillit-elle de votre esprit en toute liberté ?
Ce n’est pas un Geyser ! L’idée ne jaillit pas…Elle germe tout doucement avant d’arriver à maturité… Effectivement, je me sers de croquis, de tests. L’alchimie entre les différents matériaux n’est jamais garantie ! Je ne m’impose rien, je ne place aucune frontière…Je crée donc en toute liberté. L’Art est une représentation de la vie et du changement. L’artiste doit constamment apprendre à se réinventer…
L'art contemporain à l'échelle de notre région, cela vous inspire quoi aujourd'hui ?
A mon avis, l’Art contemporain n’a pas encore pris toute sa dimension dans la région. Je pense que le changement s’opèrera doucement. La nouvelle génération est plus réceptive : l’Art contemporain répond à leurs attentes dans un monde effervescent. Il transforme les images du temps, c’est une idée de la réalité. Avec des amis artistes, nous réfléchissons et aimerions participer à l’expansion de cette forme artistique, à suivre...
Quels rapports entretenez-vous avec les autres artistes de votre milieu ?
Je suis sensible au travail des autres artistes. Je me rends à beaucoup d’expositions afin d’échanger. Souvent, il m’arrive de proposer à un ou plusieurs artistes de partager un espace. L’exposition prend plus de force et de sens.
Si je vous dis : Aujourd'hui il a deux sortes d'artistes, ceux qui savent se vendre et ceux qui savent créer, ceci vous inspire quelle(s) réflexion(s) ?
L’artiste a-t-il besoin d’une posture ou son talent fait-il juste sa stature ?
C’est un peu réducteur que de penser qu’il n’y a que deux groupes d’artistes : si je comprends, il y aurait donc les commerciaux d’un côté et de l’autre, les laborieux créateurs... Il y a plusieurs types d’artistes, ceux qui sont dans la mouvance, ceux qui peignent dans l’ombre, ceux qui créent pour le plaisir…etc.
L’artiste doit être confronté à l’intervention du public. C’est un partage, un échange sur la vision de la vie et du monde. Je préfère donc évoquer le savoir-faire et le faire-savoir. Ils ne peuvent se passer l’un de l’autre pour réussir et faire exister une expression artistique. Le savoir-faire a besoin du faire-savoir.
Lors de vos divers expositions, quel contact avez-vous avec le public ? Quelles questions et remarques reviennent le plus souvent ?
J’ai mis un certain temps à exposer mes tableaux…C’était pour moi une mise à nue. Je dois avouer que l’exposition est précieuse. Vous êtes observé par un regard qui n’est pas séduit d’avance. Le temps d’une visite, l’artiste s’improvise initiateur et le public devient acteur…
Quelle est votre actualité : où, quand et comment les visiteurs d'Art en Nord peuvent/pourront voir votre travail ?
En ce qui concerne mon actualité, je compte participer à l’exposition « Parcours de Beloeil » à la fin du mois de juin. Différentes expositions collectives (Cercle Royal Artistique Mouscronnois, Groupement des Artistes Villeneuvois, Société des Artistes Roubaisiens…) sont prévues dès la rentrée. Une exposition personnelle aura lieu tout le mois de décembre à Marcq-en-Baroeul. Enfin, en 2013, il y aura des surprises… mais chut…, les murs ont des oreilles…
Tiens cela, me donne une idée… Je reprendrais bien un peu de café…avec beaucoup de sucre. La cristallisation sera ainsi parfaite… ;-)
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