Mary Chaplin a installé son atelier non loin de la Baie de Somme.

Longtemps inspirée par la nature au travers de l’art du paysage , Mary Chaplin a découvert en 2005 un univers non-figuratif : la lumière ; les reflets observés dans les lieux de patrimoine sont devenus sa nouvelle quête.

Cette rencontre synchronistique est venue bouleverser les fondements de son expression artistique. Recevant ces nouvelles possibilités de travail comme un cadeau de la vie, Mary Chaplin explore depuis de nouveaux sentiers de création qui l’emmène vers des chemins de méditation. C’est ainsi qu’au fur et à mesure des années, sa vision de la nature a évolué laissant la figuration pure pour aller vers une forme de création plus impressionniste voire plus abstraite.

C’est par l’énergie de la touche, la juxtaposition des couleurs, qu’elle exprime maintenant son amour de la nature et qu’elle créée ses coins de jardins imaginaires. C’est l’âme des lieux, le parfum des instants de communion avec cette Nature, qu’elle pose généreusement sur la toile. Mary peint son jardin, où rosiers et vivaces sont autant témoins de l’instant présent que de la mémoire des étés de son enfance.

Le jardin a toujours été pour cette artiste un endroit important : le jardin des secrets, des couleurs, des parfums, des gourmandises, un lieu où prennent source les rêves et le merveilleux. C’est son univers passionné, libéré des contraintes figuratives qui nous transporte dans l’immatérialité de l’instant, la jouissance olfactive et l’indicible présence d’un éternel été…

Dans sa série ‘Ô delà des reflets d’eau’ Mary Chaplin nous raconte combien l’eau est essentielle à son équilibre, sa contemplation lui apporte des moments propices à la méditation…


J’appelle mes toiles des « réflexions ». Ce terme évoque au mieux la source de mon inspiration et résume le fruit de mon travail. Afin de me présenter à vous j’ai choisi ces mots que m’a écrits mon ami l’artiste Edouard Willems (octobre 2009) et qui résume mieux que je ne saurais le faire ma démarche artistique : Mary est pour moi : Mary Couleurs et Mary Lumière. Elle est aussi Mary Fraternelle et Mary Amour… Et pourquoi pas, plus précisément Mary « Ramasseuse de couleurs et de Lumière »… Elle ne se trompe pas. Elle reconnait d’instinct la porte qu’il faut pousser pour entrer dans tout lieu où tout s’élève, où tout prend de la hauteur. C’est la porte d’une cathédrale, ou d’une petite chapelle. Elle sait que là (telle une fée avec sa petite pelle et son petit balai magiques) elle va trouver des tâches de couleurs et de lumière à ramasser. Elles sont là, par terre, tombées d’un vitrail qui a été secoué par le rayon d’un soleil ardent… Elle les ramasse avec précaution et amour, ces taches et les range précieusement dans le petit panier intérieur de son cœur. Elle s’en nourrit profondément et un jour les restitue en jouant avec elles, les faisant chanter en chœur sur une grande toile… Il faut aller voir ces « concerts » de couleurs et de lumière aux multiples chœurs…
Pour y aller ne prenez que votre cœur… Laissez votre esprit et vos raisonnements à la maison… Ils n’ont rien à faire là… On ne peut aller voir les toiles de Mary que pour un « cœur à cœur » avec elles. Et il faut aussi aller voir Mary, Mary Amour. Mary qui nous dynamise par son enthousiasme, fruit de la macération intérieure de ce trésor ramassé sur les sols des « lieux d’élévation ».


Adresse : Picardie / Normandie (
Contact : 06 24 72 49 16 ou 03 22 42 21 38 / contact@mary-chaplin.com
www.mary-chaplin.com

Mary, la Traversée, Le seuil de Jean-Paul Gavard Perret :

Les peintures de Mary permettent de franchir la frontière du réel, de changer de corps, de lieu, de temps. Voici ce qui touche à notre plaisir, à notre jouissance et, en conséquence, à nos possibilités d’angoisse puisque nos certitudes se voient interpellées.
Les peintures ne donnent pas simplement à voir, elles retiennent, contiennent. L’expérience est autant existentielle qu’esthétique. Il faut voir de telles œuvres dans une salle privée de lumière. Elles seules doivent être éclairées afin d’en éprouver la puissance. Posées les unes à côté des autres elles forment un mouvement d’ensemble. Surgit un effet étrange : danse immobile, appel muet vers l’espoir d’un seuil à franchir. Ne demeurent qu’un vertige et un appel. A notre “ aveuglement ” répond l’attente exaspérée par un dispositif pictural qui exclut toute position de voyeurisme. Mary invite à franchir le seuil d’un lieu qui n’est plus à l’extérieur mais dedans. Sa peinture renverse donc la problématique habituelle de la frontalité.
A l’étrangeté explosive se substitut une intériorité. Elle permet à l’inconscient qui habituellement ne connaît pas la traversée des frontières d’être mis en connexion avec ce qui le dérange. Le décor chavire. Il n’existe plus de place au « cliché ». Se touche une clameur intérieure, muette et mutante. Mary ne duplique pas du semblable, du même. Sa peinture renvoie à un autre écho. Un monde de structures est atteint. Il nous désaxe de notre assise, de notre sécurité. C’est un pas au-delà autant qu’en deçà. Nous sommes au sein de cerclages. La peinture devient nous-mêmes à l’intérieur de sa frontière. Contempler revient à exister d’une autre façon. Mary oblige à nous dire : « je suis moi-même dans le silence ». Le spectateur passe là où cela semblait au-dessus de ses forces et de sa peur. Il est en quelque sorte extrait de la pure illusion et de la simple transgression. Franchir la frontière revient donc à accepter de passer la limite de notre ignorance, d’accepter le saut vers ce qui échappe – mais qui est là. Cela engendre une peur car soudain la réalité n’est plus noyée dans le fantasme. L’être ne peut plus se suffire de sa propre délimitation, de sa forteresse : elles sont remplacées par un autre univers. Un paysage “ neuf ” s e développe, se convulse. La frontière n’existe plus entre le dehors et de dedans. Le dedans en sa résistance ronge et fait reculer le dehors dans un espace silencieux où les pulsions règlent les comptes du sujet envers son désir et celui de l’autre. La peinture de Mary conduit vers les défilés de l’inconscient mais elles ne lui donnent plus de quoi “ se défiler ” devant le péril de la traversée.
Par chaque peinture-frontière Mary fait reculer l’enlisement. Le seuil ne sera donc ni un leurre, ni une jouissance. L’œuvre poussée dans l’inconscient en fait sourdre des gerbes divergentes de sens. Demeure aussi un écart du temps. Car forcément le temps est induit dans l’œuvre. Elle propose une étrange proximité et un éloignement.

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